Carnet de voyage Brésil juillet 2014
Samedi 12 :
Pour une fois,
j’arrive à la gare en avance et je prends le premier train pour Paris.
Bizarrement, en se préparant à partir à une date donnée, on est plus à l’heure
quand l’avion part à 23h que quand il part à midi.
Je retrouve Alban à
l’aéroport, un autre français également du voyage, et c’est parti ! Après
toutes les formalités, nous décollons finalement à 23h comme prévu. Plus que
11h de vol, 3h de changement, encore 1h de vol et nous serons à Vitoria, notre
point de rendez-vous. Après un trajet somme toute calme malgré les cris de
bébés, nous arrivons à destination. Merci à l’inventeur des appuie-têtes qui se
replient de chaque côté pour nous maintenir droit pendant qu’on dort. Et merci
également à l’inventeur des boules quies, on ne le dira jamais assez !
Dimanche 13 :
Petit conseil aux
voyageurs à destination de Vitoria : soit vous voulez changer de l’argent
et il faut le faire à Sao Paulo (ou dans la ville dans laquelle vous avez votre
changement), soit vous voulez retirer du liquide et c’est possible à Vitoria. Mais
n’essayez pas d’attendre Vitoria pour changer de l’argent. C’est mission
impossible (avec la petite musique qui va bien). Après avoir retiré, Alban et
moi rejoignons Marcelo Mazzolli (chercheur) et Marcelo Renan (vétérinaire), les
deux responsables des deux projets qui participent ensemble à la mission
(Projeto Puma, http://www.projeto-puma.org/, qui étudie les félins et notamment les pumas et les jaguars, et
l’Instituto Marcos Daniel, http://www.imd.org.br/, avec son projet Pro-Tapir), ainsi que Robert
(allemand), Daniela (brésilienne), Julie (française) et Olivier (belge), 4
autres volontaires. Il y a également plusieurs brésiliens membres de Pro-Tapir
dont nous ne saisissons pas immédiatement les noms.
Nous partons à 1
voiture, 1 pick-up et 1 grande remorque bien chargés de victuailles et de
matériel et 1 mini-van pour les volontaires. Dès les premiers kilomètres, nous
nous apercevons que nous sommes dans un pays très vert. Nous croisons beaucoup
de ranchs similaires à ceux des westerns. Mais derrière, il y a de la forêt.
Malgré les parcelles plantées pour la culture du bois, auxquelles se succèdent
celles affectées à la culture du café, on a l’impression qu’il règne encore ici
une nature préservée. C’était d’ailleurs l’impression que cela donnait vu
d’avion : du vert partout. C’est vraiment très agréable.
Agréable aussi le
fait de commencer la mission 1 jour plus tôt. En théorie, nous aurions dû
commencer à la réserve lundi 14 vers midi. Nous avions prévu d’arriver en avion
à Vitoria le 13 puis de prendre un bus jusqu’à une ville proche de la réserve, de
dormir dans un hôtel et d’être récupérés par les gens du projet dans la
matinée. Finalement, nous avons été pris en charge par les responsables du
projet le 13 à la descente de l’avion, direction la Réserve Biologique de
Sooretama (ReBio). Sympa ! Sur la route, nous nous sommes arrêtés pour
manger ensembles dans un petit restaurant bon et agréable puis nous avons
continué vers la station de terrain. La fatigue du trajet aidant, nous sommes
tous petit à petit tombés de sommeil dans les voitures, jusqu’à l’arrivée dans
un chemin de terre au milieu des champs de café. Bizarrement, les nids de
poules sont assez efficaces pour réveiller un groupe de volontaires.

Nous
sommes finalement arrivés à la lisière de la jungle, que nous avons suivie
jusqu’au camp. Le projet est basé dans l’enceinte des bâtiments administratifs
et techniques de ReBio. C’est étrange de voir ces bâtiments blancs entourés par
un gazon impeccable surgir au milieu d’une jungle indomptée. C’est presque
irréel. Mais le plus étrange pour un européen, ce sont certainement les
barbelés et le fait que le garde est armé et vêtu d’un gilet qui ressemble fort
à un gilet pare-balles. On peut dire que côté sécurité, ils ne font pas dans la
dentelle.
A 15h30 nous étions
arrivés et avant 17h, tout était installé… et heureusement car avant 18h, il
faisait nuit. Une petite maison était attribuée au projet avec une salle de
travail, 2 petits dortoirs, 1 garde-manger et une cuisine, mais aussi 1 salle
de bain avec WC et douche. Le luxe !
Marcelo M nous
conseille les tentes, à installer sous un abri, au niveau du garage de ReBio,
pour être bien protégés du soleil et de la pluie. Aussitôt dit, aussitôt
fait ! Au final 5 tentes sous abris, 2 tentes sous les arbres et la tente
hamac de Marcelo M accrochée un peu à l’écart. Sitôt installés, un beau
perroquet vert élit domicile sur la tente de Robert. Génial !
Nous avons aussi à
disposition une 2ème maison dotée de WC supplémentaires plus proches
des tentes, d’une espèce de musée avec de nombreux animaux empaillés et d’une
salle de présentation avec des chaises disposées devant bureau et un grand
écran blanc… et d’une habitante bien vivante, une petite chauve-souris qui
s’envole à notre arrivée. Dans un bâtiment encore plus loin, il y a même une 2ème
douche. Le grand luxe ! La douche des filles sera donc dans la maison du
projet et celle des garçons à l’autre bout de la base. Comme quoi, la
galanterie n’est pas morte !
De nombreuses
personnes m’ont demandé de leur raconter l’ambiance de la finale de la Coupe du
Monde de foot au Brésil. Une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est que
contrairement à une croyance couramment répandue en France, il existe un bon
nombre de brésiliens qui se fichent complètement du foot… et chose moins
étonnante, un autre bon nombre se creusent actuellement la tête pour trouver
un nouveau sport national dans lequel le
Brésil ne serait pas trop mauvais. Bref, on n’a pas regardé la finale, ce qui
n’était vraiment pas plus mal. On n’a eu le résultat que le lendemain en fin de
journée quand on a demandé à quelqu’un qui arrivait ce jour-là, sinon on ne
saurait toujours pas !
Après un bon repas,
nous finissons par aller nous coucher avec l’impression d’avoir veillé tard. Il
est 20h30. Normal.
Le perroquet est déjà
endormi sur la tente de Robert. Trop mignon.
Lundi 14 :
Réveillée 2h. Dodo.
Réveillée 3h. Dodo. Réveillée 4h. Dodo. 6h30, gros bazar dehors. Des gens
parlent fort, des filles rient aux éclats. C’est le départ d’une équipe de la
réserve dans une bonne humeur communicative, qu’on le veuille ou non. Bref, à
7h, on était tous debout.
Super petit-déjeuner
avec tout ce qu’on peut vouloir : du café, du chocolat au lait, du thé, du
pain, du beurre, de la confiture, du miel, du jambon, du fromage, des fruits, …
Bref, il y en a pour tous les goûts.
Comme Percy, nom que
Robert a donné au perroquet, était encore sur la tente de Robert, quelqu’un de
la réserve, Raphaël, l’a attrapé et posé plus loin sur un arbre. Mais quelques
secondes plus tard, nous retrouvons Percy posé devant l’entrée de la tente de Robert,
à tenter d’attraper la fermeture éclair pour ouvrir la tente. On a tous explosé
de rire ! Du coup nous avons dû aller le rechercher et cette fois nous
l’avons amené à la terrasse.
Percy passe le
petit-déjeuner avec nous. Ça ne le dérange absolument pas de se balader entre
nous. Il ne se laisse juste pas toucher. Un petit oiseau vert, bleu et jaune
très coloré vient lui aussi nous dire bonjour. C’est vraiment agréable. Après
un petit-déjeuner revigorant, chacun vaque à ses occupations, dont celle de
photographier Percy. Mon occupation principale ? Chercher dans le livre
les différents oiseaux qui volent devant nous. Ils sont nombreux et colorés.
C’est un vrai plaisir de s’installer sur la terrasse et de les regarder passer
et parfois s’installer juste devant nous. Le plus bavard est un oiseau très
noir avec une tâche très rouge dans le dos, un guaxe comme ils disent ici.
Pour attendre le
début effectif du projet, Robert nous propose une balade autour du camp. Après
avoir écouté les conseils de Marcelo M, Robert, Alban et moi partons à
l’aventure. Nous commençons par une route bordée d’un côté par la jungle et de
l’autre par des champs de café. Après quelques centaines de mètres, nous
bifurquons à droite sur une piste qui traverse la jungle. Bizarre d’être à la
fois au beau milieu de la jungle et sur une « route », même si elle
est en terre. Dès les premiers mètres, nous découvrons un
« track-trap » (piège à empreintes) préparé pour le projet par
l’équipe de la réserve. Et bonne surprise ! Il y a les empreintes de 2
animaux ! Impossible pour nous de les reconnaître et certaines semblent
difficilement lisibles mais nous avons l’impression d’avoir découvert
l’Amérique ! Nous continuons la balade jusqu’à une maison abandonnée. Un
arbre majestueux trône juste devant et plusieurs autres poussent à l’intérieur.
« Mother nature » résume Robert. Alban y découvre un insecte cornu et
coloré pendant que j’admire une série de papillons jaunes, rouges et noirs. Le
séjour s’annonce vraiment bien !
A midi, nous
accueillons 2 volontaires supplémentaires et après un bon repas, le projet peut
réellement commencer. La première après-midi est constituée d’une projection
pour comprendre le projet et les enjeux locaux. Malgré son apparence qui
demeure verte, la région a perdu quasiment toute sa forêt primaire. Il ne reste
que la réserve biologique nationale dans laquelle nous sommes ainsi que 2
autres réserves privées toutes proches dans l’Etat d’Esperito Santo. Les
quelques mètres carrés qui restent ailleurs ne permettent pas à la faune de
subsister. C’est affligeant. La réserve biologique de Sooretama est aujourd’hui
traversée par une autoroute. A l’occasion du doublement des voies, un des
objectifs du projet est de s’inscrire dans un mouvement global porté entre
autres par l’Instituto Marcos Daniel pour démontrer l’importance de la faune
locale, mais aussi du nombre d’accidents avec les animaux avec de nombreuses
victimes animales et humaines et tenter d’obtenir la construction d’un pont (ou
d’un tunnel), afin que la route ne coupe plus la réserve en deux.
Après cela, nous
passons à une information sur les différentes espèces qui peuplent la réserve
et que nous allons suivre pendant le projet, c’est-à-dire tous les mammifères
de la forêt. Vu le nombre de félins, 7 ou 8 espèces, il est très difficile pour
nos yeux inexpérimentés de les différencier, même en voyant les animaux
empaillés du mini-musée, c’est loin d’être gagné. Et c’est encore plus vrai
quand il s’agit de leurs empreintes. Mais Marcelo M nous donne des astuces.
Espérons que ça suffira. Heureusement, nous partirons pour les treks
journaliers avec des fiches pour nous aider à reconnaître les empreintes et les
animaux.
Après un snack pour
goûter, nous continuons la formation. D’abord un tour de table pour nous
connaître puis nous étudions les fiches que nous aurons à remplir le lendemain.
Nous sommes 10 volontaires, 5 européens dont un allemand, Robert, 4 français
(ou berlges), Julie, Olivier, Alban et moi, et 5 brésiliens, Daniela, Morgana,
Carolina, Artany et Mardel. Nous avons un encadrement impressionnant :
Marcelo M fondateur de Projeto Puma, Marcelo R, directeur de l’Instituto Marcos
Daniel (IMD, insitut qui a pour vocation la préservation de la biodiversité
dans l’Etat d’Espirito Santo en se basant notamment sur de nombreuses actions
de sensabilisation), Amabili, Cristina et Victor de Pro-Tapir, un des projets
de l’IMD, Aliny, la coordonatrice et Leia, la cuisinière. Nous sommes aussi
souvent accompagnés par les équipes de la réserve dont Marcel, le directeur,
Fabiana et Emanuelle, deux étudiantes qui nous accompagnent sur tout le projet,
mais aussi Sheyla, Tomato, Elinio, Raphaël, Alessandroi, Charlies et bien d’autres
encore. Vers 21h, fin de la formation, dîner et dodo.
Mardi 15 :
C’est aujourd’hui que
le projet commence vraiment. Lever 6h, mais grâce au décalage horaire, c’est
plutôt facile pour nous européens.
Nous commençons par une explication
théorique sur l’utilisation du GPS avant de nous répartir en 3 groupes pour
tester son utilisation. Après avoir découvert les bases, nous partons pour une
micro-balade de quelques centaines de mètres à marquer des points, tracer des
chemins, noter des coordonnées, etc… Mais c’est suffisant pour découvrir des
empreintes de pacas. Génial ! Et de retour au camp, nous avons la chance
d’observer un groupe de coatis entrain de manger sur un arbre fruitier en
lisière du camp. 2 sont sur l’arbre à faire tomber les gros fruits pendant que
les autres attendent le butin en bas. Excellent ! Nous avons même le temps
de bien les observer et de les prendre en photos. C’est magique.
Nous revenons ensuite
en grand groupe pour aller explorer le chemin que nous avions découvert la
veille avec Robert et Alban. Sauf que là, c’est du sérieux. C’est notre
première prise de notes pour le projet. L’utilisation du GPS est encore
hésitante et nous sommes loin d’être des experts de la reconnaissance
d’empreintes mais le cœur y est. Nous marquons sur le GPS ainsi que sur les
fiches toutes les track-traps du chemin… enfin, tous ceux de la partie que nous
avons le temps d’explorer. Nous notons également les empreintes. Un tapir et un
félin non identifié. Ce n’est pas un très gros butin mais nous revenons fiers
de ne pas être bredouilles. C’est impressionnant de savoir que des animaux
comme les tapirs sont effectivement présents dans la réserve et près du camp.
Nous revenons ensuite
au camp pour déjeuner avant d’augmenter encore le niveau. A 14h, départ pour le
1er vrai trek en 2 groupes. 1 groupe explore un chemin qui part du
camp pendant que mon groupe prend le pick-up pour aller explorer un chemin qui
borde une rivière plus à l’Est. Nous sommes 8. 5 places dans le pick-up et 3 à
l’arrière. Marcelo R est avec nous, ainsi qu’Amabili, Morgana et tous les
volontaires européens. Nous sommes bien secoués mais le trajet est très
sympathique. Il se fait au son du forall, la musique populaire brésilienne. Là
on est vraiment dans l’ambiance. Dans l’ambiance aussi dès le début du chemin,
une piste qui borde la rivière Cupido. Les traces de tapirs, de ratons-laveurs
et autres animaux s’enchaînent, que ce soit sur les track-traps ou sur les
bords du chemin.

Partout autour de nous, de grands arbres verts tous différents
les uns des autres. Différentes formes, différentes hauteurs, différentes
couleurs mais une tonalité dominante, le vert profond de cette forêt
millénaire. C’est magnifique et nous sommes à la fois excités et ravis. Nous
sommes dans un cadre majestueux, nous cherchons, nous trouvons et les
conditions de marche sont accessibles au plus grand nombre (du plat sur une
piste dégagée). Royal ! De temps en temps, nous apercevons un bout de la
rivière. Pas d’un bleu limpide mais plutôt du marron profond des riches
rivières du Brésil. Plus qu’une invitation à aller se baigner, c’est un fluide
de vie, la promesse du dépôt d’un riche limon pour alimenter encore la forêt.
Du fait de son intérêt pour l’animal, Robert a tôt fait de surnommer Marcelo R
« le Tapir »… sans savoir que c’est une insulte en brésilien. Mais
Marcelo R est mort de rire et apprécie le surnom. Le mot « tapir »
est généralement utilisé au Brésil pour caractériser quelqu’un d’idiot alors que
c’est en fait un animal particulièrement intelligent.
Marcelo R est donc même
très fier de son nouveau surnom. Et il nous prouve encore sa ressemblance avec
l’animal quelques minutes plus tard. En partant faire pipi, il tombe sur des
anciennes toilettes de tapir abandonnées. CQFD. En effet, assez étonnamment,
les tapirs font leurs besoins souvent au même endroit pendant une période qui
peut s’étendre sur plusieurs mois. Marcelo R nous explique que quand on en
trouve qui sont utilisées, c’est un endroit idéal pour poser un piège pour
tenter d’attraper un tapir, ce qu’il fait de temps en temps pour faire des
prélèvements sur des animaux ou leur installer des balises GPS. Il nous
explique ensuite comment poser le piège. L’animal est tellement intelligent et
méfiant qu’il faut s’y prendre par étapes. La durée du procédé est généralement
de 6 mois mais ça peut prendre plus longtemps !
Après plusieurs
découvertes plus intéressantes les unes que les autres, dont notamment la
vision furtive d’un « capuchin monkey », seule la nuit qui commence à
tomber petit à petit réussit à nous faire rebrousser chemin. Comme nous avons
commencé tard, nous n’avons cependant pas eu le temps de relever et de marquer
toutes les track-traps du chemin. Marcelo R nous propose donc de retourner
chercher le pick-up et de finir les relevés en voiture. Aussitôt dit, aussitôt
fait. 4 à l’avant du pick-up qui descendent inspecter les track-traps et 4 à
l’arrière à saisir les points sur le GPS et à noter les coordonnées et les
traces observées. Le tout à la lampe de poche avec les batteries du GPS qui lâchent.
C’était épique ! Et tellement impressionnant d’être dans la jungle la
nuit. Des bouts de ciel avec des milliers d’étoiles se découpent ça et là sur
le fond de forêt qui forme une ombre chinoise changeante dans ce décor
scintillant. Tout simplement magnifique.
Nous réussissons
finalement à terminer nos relevés et après un demi-tour assez… comment
dire…osé, au chausse-pied,… nous repartons vers la base. Pendant le trajet, les
2 brésiliennes qui sont à l’arrière avec Alban et moi nous apprennent une expression
bien de chez elles et tout-à-fait de circonstance : quand un conducteur
fait valdinguer ses passagers arrières en allant un peu trop vite dans les
virages ou dans les nids de poules du trajet, on lui dit qu’il transporte des
cochons. Et pour bien lui faire comprendre, on fait le bruit qui va bien. Vu
comment on sautait sur le hayon, on ne s’est pas privés de faire des bruits de
cochon à de nombreuses reprises en explosant de rire ! Les filles m’ont
aussi appris à dire « Je ne suis pas un cochon ! » en portugais,
phrase que j’ai sortie à Marcelo R à l’arrivée. Il était mort de rire ! Et
l’autre Marcelo aussi d’ailleurs. Au final nous sommes arrivés à 19h pour un
rendez-vous initialement prévu vers 17h-17h30 mais c’était pour la bonne cause.
Après un petit snack,
réunion pour mettre en commun nos observations. Malgré l’heure tardive, ce
moment permet de revivre la journée, de valider nos découvertes et parfois d’en
faire d’autres. Une trace non identifiée sur le 1er chemin fait en
grand groupe était en fait celle d’un puma ! Après ce moment vraiment
intéressant, nous avalons un dîner rapide et allons nous coucher à 23h bien
passées !
Mercredi 16 :
1ère
journée passée intégralement à travailler. Réveil 6h. Après un petit déjeuner
copieux, nous empaquetons fruits et sandwichs. Le retour pour le déjeuner est
prévu à 16h ! Vers 7h, nous partons 1 groupe dans la voiture et les 2
autres dans le pick-up. Chris, Daniela et moi nous mettons debout à l’arrière
du pick-up, bien accrochées aux barres de toit, pour regarder le paysage
défiler. Comme dit Chris, ce fut un voyage « con emoçaon ». On s’attendait
bien à sautiller de droite à gauche et à devoir bien nous accrocher et
compenser dans les jambes pour en pas être éjectées dans les virages mais nous
avions grandement sous-estimé le côté Mario. Oui, oui, comme le jeu
vidéo ! Selon d’où arrivaient les lianes, il fallait se pencher à droite,
se pencher à gauche ou se pencher tout court. Il n’y avait que de toutes petites
lianes qui descendaient au-dessus de la piste donc pas de risque de se faire
vraiment mal mais vu la vitesse, on aurait pu se faire bien fouetter le visage.
Du coup on était bien accrochées, sautillantes, penchées, penchées, toutes vers
l’extérieur, toutes vers l’intérieur, penchées, penchées, toutes à droite,
penchées, … le tout en fredonnant alternativement la musique de Mario et celle
d’Indiana Jones. Il faut dire que la piste empruntée est celle du chemin Meio,
celui dont nous avions fait le début à pied avec Robert et Alban puis en grand
groupe. Il traverse toute la réserve et permet d’atteindre 3 nouveaux chemins,
1 au beau milieu de la réserve, Quirinao, destination de la voiture, et 2 à son
extrémité, Abobora et Tesauro, destination du pick-up, et donc ma destination.
Après avoir traversé des kilomètres de jungle, nous tombons sur une maison avec
de beaux arbustes pleins de fleurs ou de fruits. C’est assez surréaliste. Sitôt
descendus, Marcelo R (le vétérinaire), nous donne les consignes et l’heure de
rendez-vous. Un coati en profite pour traverser la piste juste derrière nous.
Bon début ! Mon équipe est composée de Alini, Robert, Chris, Daniela, Emanuelle
et moi. Dès le 1er track-trap, nous comprenons que nous ne pourrons
pas compter dessus. Il est dur, complètement tassé par la pluie. Nous devons le
gratter pour le rendre à nouveau bien meuble et espérer que l’équipe qui le
relèvera la prochaine fois aura plus de chance que nous. Heureusement qu’un
autre coati en profite pour traverser et nous remonter le moral. Là encore,
c’est agréable de traverser la jungle sauvage sur une piste bien dégagée. On a
l’avantage de la vue sans le désagrément des griffures de plantes et autres
piqûres de tiques. Les tiques d’ici peuvent être très nombreuses si on frôle un
nid par inadvertance. Elles peuvent se retrouver à plusieurs centaines sur les
vêtements d'une seule personne. Si on ne les repère pas tout de suite, elles
mordent chacunes en plusieurs endroits, provoquant une éruption de boutons qui
grattent. Chris en a fait les frais avant notre venue. Elle nous a montré son
ventre constellé de boutons. Impressionnant !
Nous continuons notre
route et finissons par être rassurés de trouver des empreintes dans des traces
de boue. Les flaques de boue seront donc nos track-tap du jour ! Nous
continuons la balade quand soudain Robert s’arrête et regarde les arbres. Nous
sommes tombés sur des sapajus robustus. Génial ! Après quelques minutes
d’attente, une maman avec son bébé sur le dos traverse la route, nous donnant
l’occasion de l’observer et de la photographier. Bravo Robert ! Notre
Monkey Master du jour !
Nous continuons notre chemin et arrivons à une
grande pierre étrange. Elle fait plus de 2m de haut et tout un côté est
constellé de cavités d’une dizaine de centimètres. A l’intérieur, de nombreux
nids de guêpes durs comme la pierre complètent le mystère. Les locaux appellent
cet endroit les toilettes de jaguars. La légende veut qu’il y a longtemps, les
jaguars venaient faire pipi en ce lieu. Personne ne sait si c’est vrai mais
c’est pittoresque ! Tout au long de la route, nous trouvons la trace de
nombreux animaux : tapir, tatou, raton-laveur, renard, etc… C’est
fantastique de pouvoir déceler autant d’espèces avec nos petits talents de
Sherlock Holmes et de se dire qu’ils ont tous marché où nous marchons il y a à
peine quelques jours, parfois quelques heures.
Après avoir vu un
nouveau groupe de sapajus robustus, nous réussissons à finir d’inventorier le
sentier et nous rebroussons chemin. Arrivés au point de rendez-vous, nous sommes
accueillis par un oiseau-mouche et certains du groupe, surnommés « œil de
lynx », réussissent à apercevoir un tufted-ear marmoset au loin. Cette
journée aura été riche en rencontres et en émotions ! Nous finissons par
rentrer au camp pour un repas et un repos bien mérités.
Après une bonne
sieste, nous enchaînons avec la réunion de mise en commun des découvertes de la
journée. Puis Leonardo, un photographe animalier de l’association Ultimos
Refugios, http://www.ultimosrefugios.org.br/, qui travaille pour la conservation de la faune et de la flore nous présente
son travail. Il est souvent accompagné de sa femme, Ilka. En général c’est lui
qui s’occupe des photos et elle des vidéos. Il a pu assister à des moments
magiques qu’il a immortalisés en photo ou en vidéo, comme la rencontre avec un tapir
qui n’avait pas peur de lui ou avec une maman agouti entrain de mettre bas. Ce
sont des images magnifiques dont il se sert pour aller faire de la
sensibilisation dans les écoles au moins 4 fois par mois. Franchement,
félicitations ! C’est ce qu’on appelle un travail inspirant (à retrouver sur leur page Youtube www.youtube.com/ultimosrefugios)! Et à la
fin de la soirée, lui et son association ont offert 4 livres de photographies
de la faune d’Esperito Santo pour des volontaires du projet. Très sympa. Ils
seront attribués par tirage au sort.
Jeudi 17 :
Ce matin nous partons
en petits groupes. Un groupe va relever les track-traps sur tout le trailha
(chemin) Meio à vélo, un groupe va relever ceux de Cupido, un groupe va
commencer à tracer un nouveau chemin le long d’une ancienne ligne de télégraphe
désaffecté, Telegrafo, et mon groupe va explorer le chemin qui part de la base,
Sene. C’est un sentier dans la jungle bien dégagé qui sert pour les scolaires.
Certains arbres sont marqués dont un de plus de 500 ans, l’emblème de l’Etat
d’Esperito Santo.
Nous sommes un petit groupe composé de Morgana, Marcelo R,
Alban et moi. Là c’est une vraie balade dans la jungle avec même un gros tronc
d’arbre à enjamber. Le chemin est globalement très bien dégagé, mais cette
fois-ci, ce n’est pas une piste utilisable par les voitures. On ne peut même
pas marcher à deux de front ! Les track-trap font toute la largeur de la
piste et c’est parfois un peu sportif de les contourner. Il y a vraiment de
quoi bien rigoler. Nous suivons un raton-laveur sur quasiment toute la longueur
du chemin alors qu’un mutum (une espèce de grosse perdrix noire en voie
d’extinction dont le nom se prononce presque comme un « mouton »)
laisse sa trace en sens inverse. C’est amusant de savoir qu’un petit mammifère
emprunte le même chemin que nous.
Nous trouvons également les traces d’autres
petits animaux dont un félin. Au passage, nous installons des appâts au niveau
des track-traps. Mais ceux-ci ne doivent pas être posés au sol. Nous montons
des mobiles en ficelles pour les suspendre au milieu des track-traps. Au menu,
bacon et ananas. Pas sûr que le bacon trouve preneur mais l’ananas devrait en
séduire plus d’un ! Cette piste est très courte et nous sommes revenus au
camp en fin de matinée. Comme nous sommes avides de travail, Marcelo R nous
propose de marquer un autre chemin très court qui part du camp, Sene 2, et d’y
construire des track-traps. Aussitôt dit, aussitôt fait !
Nous partons
avec bêches, tamis et GPS pour nous atteler à la tâche. Sur un chemin de 6km,
il faut compter un track-trap tous les 500m. Là, sur 550m, nous devons
construire 6 track-traps. Alban commence par creuser puis Morgana et moi
remettons la terre en place en en tamisant une grande partie. Marcelo R nous
rejoint ensuite pour rajouter des appâts. A la fin de la mission, Alban qui
travaillait toujours sur un track-trap devant nous a pu voir un coati et un
marmouset. Comme quoi des fois ça a du bon d’être un peu seul. Nous rentrons
finalement au camp quasiment les derniers mais avec le sentiment du devoir
accompli. Nous avons trouvé des traces de tapir et de 2 félins dont l’un est
peut-être un bébé puma. J’ai hâte que ces track-traps soient relevés pour
savoir si nos efforts auront été payants ! Pour la fin de l’après-midi,
c’est déjeuner, sieste et carnet de voyage, comme d’habitude.
A un moment
j’entends un chant d’oiseau bizarre mais il y a tellement d’oiseaux qui
chantent ici que je ne relève pas. Erreur ! Leonardo a appelé un hibou qui
lui a répondu et est venu se poser sur les arbres proches de notre maison
principale. Il paraît que c’est un animal magnifique avec le ventre orange.
J’espère qu’il reviendra un autre soir pour que je puisse l’admirer et le
photographier. Il faut dire que Leonardo à toutes sortes de techniques pour
faire s’approcher les animaux et les photographier de (relativement) près. Il a
notamment pour habitude d’enregistrer les chants des oiseaux et de les classer
dans son smartphone par nom d’espèce. Un bon nombre d’entre elles, notamment
celles qui sont territoriales, répondent au chant de leurs congénères.
Puis vient le moment
de la réunion du soir. Marcelo M doit nous quitter pour d’autres obligations
mais les autres responsables du projet prennent le relais et nous sommes déjà
quasiment autonomes. Alini lui a demandé un discours. Il préfère nous exposer le
résultat de ses recherches sur le puma. C’est passionnant, même si l’heure
tardive ne nous permet pas d’en profiter pleinement.
Vendredi 18 :
Ce matin nous avons
la chance d’observer des aracaris, oiseaux cousins des toucans, sur un arbre
juste derrière la maison principale. Super !
Puis nous partons, Daniela,
Robert et moi avec la team photo (Leonardo et sa femme Ilka, ou Yuca comme on
la surnomme ici) et avec la team ReBio (5 personnes), sur Quirinao.
Peu de
traces mais l’intérêt de la journée était ailleurs. Avec la team photo, on
s’intéresse de beaucoup plus prêt à tout ce qui bouge dans la jungle. Leonardo
m’a appris comment mieux photographier les oiseaux.
J’ai pu en photographier un
magnifique ! J’ai aussi essayé d’avoir un oiseau-mouche mais j’ai raté ma
toute petite fenêtre de tir. Tant pis.
En revanche la lumière était idéale et
j’ai quelques photos de jungle magnifiques.
Au bout du chemin se
trouve une maison abandonnée. Les filles de la réserve m’ont fait faire le tour
du propriétaire. Impressionnant à quelle vitesse la nature peut ici reprendre
ses droits.
Comme le repas de
midi a tous les jours lieu au retour des randonnées, c’est-à-dire vers 16h,
nous emmenons chaque matin des sandwichs et des fruits avec nous pour
différents snacks. Mais cette fois-ci, pas le temps de sortir nos sandwichs que
Sheyla dégaine un saladier plein d’un plat traditionnel ainsi que des bols et
des couverts pour tout le monde. Bizarrement, on ne s’est pas fait prier et on
a bien fait. C’était délicieux ! Et comme si ça ne suffisait pas, elle enchaîne
avec des bonbons et du chocolat. Miam !
En repartant, nous
tombons sur le squelette d’un tatou qui a été tué et mangé par un félin. C’est
vraiment une découverte intéressante, que ce soit pour observer les restes de
l’animal ou pour nous indiquer un endroit où poser une camera-trap. C’est là
que Leonardo installe la sienne et Daniela, Robert et moi installons les 2 du
projet près de 2 sentiers utilisés par des animaux. J’espère qu’elles donneront
de belles images !
De retour au camp, on
mange puis Leornardo vérifie les images d’une camera-trap vidéo placée juste
derrière la maison principale. Bilan : 54 vidéos de paca. Enorme !
Puis Leonardo et Yuca partent en ville pendant que nous vaquons à nos
occupations. A la tombée de la nuit, ils reviennent mais pas seuls. Ils ont
secouru un renardeau blessé qui boitait et tombait sur le bas-côté de la route.
C’est le début de la mission sauvetage ! Comme notre vétérinaire préféré,
Marcelo R, est absent pour 48h, c’est Julie qui prend en main les opérations
avec Yuca et Alini, mais tout le monde veut passer voir le renardeau. Une cage
de fortune est aménagée et la salle de réunion est transformée en rescue center
pour le renard.
Le bilan journalier attendra. En fin de soirée nous faisons
juste un bilan rapide de la journée et nous décidons de partir plus tôt les
prochains jours pour voir plus d’animaux. Au lieu de mettre le réveil à 6h, ce
sera 4h30. Heureusement que pour nous européens ça nous rapproche de notre
heure habituelle, sinon ce serait un peu difficile. Mais pour l’heure, place à
la préparation du samedi, le day off. Même si nous avons la possibilité de
faire une grasse-matinée le lendemain, nous partons nous coucher tôt, exténués.
Samedi 19 :
Avant de commencer le
récit de la journée, petit intermède de conseils en termes d’habillement. Au
Brésil, et en particulier dans la jungle, les moustiques sont des fourbes qui
attaquent tout morceau de chair qui dépasse des vêtements. Ils piquent même parfois
aussi à travers les vêtements. Ça ne sert donc à rien de venir ici avec des
shorts et débardeurs. Des pantalons légers et amples, des t-shirts et des
chemises manches longues seront vos meilleurs amis pour le séjour. Il faut
prévoir des chaussures de randonnées pour les treks mais au retour, on aime
bien pouvoir les enlever. Une paire de tongs pourrait suffire mais vu l’afflux
de moustiques en début de matinée et en fin d’après-midi, je suis bien contente
d’avoir aussi amené une paire de tennis. Dans la jungle, la mode est au
long : chemise manches longues sur un t-shirt (pour pouvoir ouvrir la
chemise) et pantalon de rigueur. Et lors des randonnées sur sentiers plutôt que
sur piste, il faut également penser à rentrer le t-shirt dans le pantalon et le
pantalon dans les chaussettes. Outre la protection contre les tiques, c’est du
plus bel effet. Le port d’une casquette ou de tout autre chapeau permet de
compléter la tenue et pour les filles, il est conseillé de s’attacher les
cheveux. Juste pour vous faire rêver, sachez qu’il existe des abeilles (qui ne
piquent pas mais gênent beaucoup), qui aiment venir se cacher en bandes dans
les cheveux… et quand on arrive enfin à les enlever, elles reviennent. Génial
Mais en suivant ces
quelques conseils, vous serez jungle-fashion. Et si tout a été préalablement
trempé dans l’antimoustique avant le départ, c’est le top.
Bon, revenons à nos
moutons, ou plutôt à nos coatis. Samedi matin, grasse-mat. Du coup on s’est
levés à 7h. Normal. Après un petit-déjeuner bien rempli, direction le
supermarché avec Alini, Amabili et Daniela pour faire les courses pour le
barbecue. Mais alors que je me prépare pour partir « Tilia, il y a un
paresseux !» Génial ! Il est dans les arbres près du camp. C’est
vraiment un animal magnifique et tellement attendrissant. Nous passons
plusieurs dizaines de minutes à l’observer. Quand le paresseux disparait enfin,
je retourne vers ma tente pour finir de me… « Tilia, les coatis !»
Bon ben c’est reparti. Les coatis sont vraiment mignons. Ils ressemblent un peu
à des lémuriens mais avec un museau plus long, comme celui d’un fourmilier.
L’un d’entre eux monte sur un arbre pour faire tomber les fruits et les autres
restent dessous pour les attraper et les manger. Du beau travail d’équipe. Une
bonne dizaine de minutes plus tard, les coatis repartent dans la jungle et je
peux enfin finir de me préparer… Mais c’est un réveil qui valait vraiment le
coup !
Le supermarché est
plutôt grand pour un petit village. Il a même un rayon tongs, et pas n’importe
lesquelles, des Havaianas, un des symboles du Brésil. Alors bien sûr, il n’a
fallu que quelques minutes pour que nous nous retrouvions à 4 devant le rayon.
Il y a une règle intangible à travers le monde, celle de l’attraction
universelle entre les filles et les rayons chaussures des magasins. 3 paires de
tongs, dont une qui brille dans le noir, plus tard, nous voilà reparties avec
de quoi rassasier tout le monde pour le barbecue du soir.
A peine arrivées à la
réserve, nous voilà repartis pour une visite touristique. La plage étant à
environ 3h de route aller et le projet n’ayant pas les moyens de nous y
emmener, nous décidons de faire local. Alini, Leonardo et Ilka nous emmènent
sur leur temps libre visiter une ferme coincée entre deux réserves et dont le
propriétaire protège les animaux. Dans cette ferme qui sert de corridor entre
les deux réserves, les animaux sont habitués à traverser et à croiser des
humains qui ne leur veulent pas de mal. Qui ne les regardent même plus. C’est
donc un endroit où on peut observer de près des espèces qu’on ne voit nulle
part ailleurs, ou alors en tout cas pas d’aussi près.
A peine entrés, nous
croisons un petit marmouset sur un arbre. En continuant un peu, nous apercevons
un mutum dans un champ de cacaoyers. Ca ressemble à une grosse perdrix noire
permanentée. Les mâles ont le ventre blanc et les femelles brun-roux. Les mâles
ont également un bourrelet rouge vif sur le bec. Ce sont des animaux rares dont
on peut éventuellement trouver les traces dans la jungle mais qu’on ne voit quasiment
jamais… sauf ici. Plus loin, un mutum est posé sur une branche dans la jungle,
à moins de 5 mètres de la piste. Nous voilà donc arrêtés dans le pick-up, tous
avec nos appareils photo. Mode safari : ON. Nous descendons du pick-up
pour quelques autres photos et avançons un peu dans la jungle à la suite d’un
groupe de singes. C’est vraiment sympa. Un peu plus loin nous apercevons un
agouti dans un champ de cacaoyers. Elle est entrain de partir mais ça ajoute un
animal de plus à la liste déjà longue d’animaux que nous avons vus ici.
Nous
poursuivons sur les berges d’un lac et dans la jungle avant de revenir vers les
plantations mais les tapirs ne veulent pas se montrer aujourd’hui. Avant de
partir nous passons par un endroit dans la plantation où un jaguar a attaqué des
singes il y a quelques semaines. Impressionnant. Pour le fermier, le prix payé
en laissant les signes se servir sur les arbres fruitiers est remboursé quand
il voit que cela permet à d’autres animaux tels que le jaguar de prospérer
encore dans la région. Même si nous ne les voyons pas et n’avons pas trouvé de
traces pour l’instant, les jaguars sont là, c’est sûr !
Avant de partir, Leonardo,
Ilka et Aliny nous font goûter des fruits du cacaoyer frais. C’est la chair que
nous mangeons, pas les graines. C’est délicieux. Nous passons dans une serre où
le fermier fait sécher les fèves de cacao. Bref, une sortie vraiment très
intéressante.
Sur le chemin du
retour, Leonardo et Ilka s’arrêtent le long de l’autoroute pour installer des
camera-traps pour un autre projet. Ils essaient de recenser les animaux qui
utilisent les tunnels aménagés pour eux sous la route.
Il y a quelques jours,
Leonardo nous avait montré une vidéo prise dans un de ces tunnels sur laquelle
un ocelot, mécontent de cette intrusion, avait pissé allègrement sur la
camera-trap pour marquer son territoire. Le lieu puait encore affreusement… et je
ne vous parle que de l’extérieur du tunnel alors que la camera-trap en question
était fixée au milieu de celui-ci il y a plusieurs jours. Impressionnant !
Devant le 2ème tunnel, un track-trap nous révèle plusieurs traces
dont celle d’un autre ocelot. Décidément !
De retour au camp
vers 15h, le barbecue commence. Une fête bien sympa qui durera jusqu’à 21h sur
fond de samba. A la bière succède la caïpirinha et les brésiliens ôtent leurs
chaussures pour « sentir la terre, sentir le rythme » et danser… la
samba bien sûr. A 18h30 il fait nuit noire depuis longtemps et pour nous la
soirée dure jusque tard dans la nuit. Un vrai moment de convivialité.
Dimanche 20 :
Réveil 4h30.
Logiquement ça devrait être difficile, surtout pour moi qui ne suis pas
vraiment du matin, mais en fait ça me pose moins de problème que de me lever à
7-8h en France. Ça correspond à 9h30 en France et c’est l’effet que ça me fait.
Parfait ! Pour les brésiliens en revanche ça pique un peu.
Nous partons
direction Cupido avec Amabili, Cris, Daniela, Emanuelle, Mardel, Artani, une
femme de la réserve dont je ne saisis pas le nom, Leonardo et Ilka. Leonardo et
Ilka restent derrière pour prendre leur temps pour les photos pendant que le
reste de l’équipe part relever les track traps. Cupido est vraiment un très
beau chemin et le repaire de nombreux tapirs. Ça commence à devenir frustrant
d’en voir autant de traces sans en avoir vu un seul en vrai. Surtout qu’en
revenant, nous nous apercevons qu’il y en a au moins un qui a profité du fait que nous avions le dos tourné
pour traverser. Ah bravo ! Belle mentalité ! Sur le chemin nous
trouvons une plante aux fruits violets qui forment comme des fleurs colorées et
nous continuons le chemin parés de nouveaux colliers. Nous avançons vite et
retrouvons Léonardo et Ilka sur le retour, à mi-chemin.
En revenant vers la
voiture, Ilka serre côté rivière. Elle finit par nous expliquer pourquoi en
éclairant un trou de tatou, a priori identique à tous les centaines d’autres
trous de tatous qui bordent la route à un petit détail près… le trou est en
effet squatté par une grosse tarentule qui doit facilement faire la taille de
la paume de ma main (et j’ai de grandes mains). Brrrrr, ça fait froid dans le
dos. Même si je suis contente d’avoir pu la voir et la photographier, moi aussi
je me mets à longer plus le côté rivière que le côté trous de tatous. Bizarre,
non ?
De retour à la réserve,
un ami de Marcelo R a amené Andressa, la coordinatrice de Pro-Tapir. Il repart
avec le renard afin de le faire examiner par un autre ami vétérinaire à
Vitoria. Ensuite le renard sera très certainement pris en charge par un refuge
pour une durée plus ou moins longue en fonction des résultats de la radio. Mais
une fois le renard parti, pas le temps de respirer. Le paresseux est
revenu ! J’aime vraiment beaucoup ces animaux. Ils sont très touchants
avec leur lenteur et leur petite bouille toute sage.

Une fois le paresseux
disparu, nous nous installons sur la terrasse et regardons les petits oiseaux.
Du bleu, du jaune, du vert, du noir, du blanc, du rouge. Il y en a pour tous
les goûts. C’est un ballet incessant du lever au coucher du soleil. C’est
magnifique. Nous apprenons également que Percy, le perroquet, s’appelle en fait
Chico… mais que de nouvelles arrivantes, ne le sachant pas, l’ont renommé
Neymar… avant que nous ne le baptisions Percy. Eh ben si avec tout ça il ne
nous fait pas une crise de schizophrénie…
Pour une fois nous
commençons la réunion journalière très tôt, à 15h. Ça nous permet ensuite de
regarder Leonardo installer un appareil photo avec commande à distance dans une
zone où il attire depuis quelques soirs les pacas. Une caméra de contrôle
permet de visualiser la scène en temps réel pour appuyer sur le déclencheur au
meilleur moment. Avec une camera-trap à ce même endroit, il y a eu pas moins de
90 vidéos en 2 soirs. On espère que les pacas seront au rendez-vous ce
soir !
Des hot-dogs et
quelques verres de sodas plus tard, il faut se rendre à l’évidence. Les pacas
ne viendront pas ce soir… en tout cas pas avant que nous ne nous soyons couchés.
Il y a certainement eu trop de bruit près de la maison principale. Dommage.
Vu que de nombreux
animaux que nous étudions sont nocturnes, nous avions réfléchi à faire un trek
de nuit. Ilka nous explique rapidement que la réserve la nuit n’est pas
seulement un lieu de passage pour les animaux mais aussi pour les braconniers
et même parfois les dealers de drogue. Bon, message reçu, on va rester bien
sagement au camp.
Lundi 21 :
Réveil 4h30. Toujours
pas de problème pour se lever. On ne va pas se plaindre !
Départ pour Tesauro
avec Amabili, Daniela et Robert. Dans le pick-up avec nous, la team Abobora, Aliny,
Victor, Mardel et Artany. Au volant, Localiny (Loca-Aliny). Elle va (très
relativement) vite sur la route et à l’arrière du pick-up nous sommes ballottés
dans tous les sens « Je ne suis pas un cochon ! » Nous arrivons
enfin au point de départ du jour, les fesses en compote mais morts de rire.
Et c’est parti pour
Tesauro. Enfin une simple piste dans la jungle. C’est l’aventure ! Nous
marchons à flanc de rivière sur quelques centaines de mètres avant de plonger
dans la jungle. Je dis plonger au sens figuré mais ça a bien failli nous arriver
au sens propre.
Pour traverser la rivière, un pont en bois dont il ne reste que
des fondations approximatives et une succession de planches (l’une après
l’autre, hein, jamais côte à côté, il ne faut pas exagérer quand même) qui ne
donnent pas complètement confiance.
Malgré nos doutes, nous réussissons tous à
traverser sans prendre de douche sans trop de problème. Un peu plus loin,
Robert nous dit « serpent ! ». Un des serpents les plus
dangereux du coin, un jararaca, est en effet immobile sur le chemin.
Après
avoir pris toutes les précautions d’usage, nous vérifiions et ouf ! Il est
mort. Nous le photographions et le mettons dans un sac pour qu’il vienne
rejoindre la collection de cobras conservés au formol dans le musée de la
réserve. Ah oui, pour information, en brésilien « serpent » se dit
« cobra »… ça donne une idée du style des serpents du coin… mais sur
le chemin du retour ce n’est pas par son venin mais par son odeur qu’il nous
intoxiquera. Une confirmation de plus qu’il est bel et bien mort !
Sur le chemin, entre
les lianes et les palmiers à épines, nous croisons plusieurs villes de sable,
constructions de fourmis qui ressemblent à une dizaine de châteaux de sable
faits les uns à côté, voire sur, des autres. C’est très impressionnant. Comme
regarder de haut une ville de plusieurs millions d’habitants. Ça donne le
vertige !
Au fil du voyage nous découvrons des fruits, à mi-chemin entre
des noix de coco et des pots avec leur couvercle. C’est assez frappant. Une
fois vidés et séchés, ils ne déparaient pas du reste du mobilier dans les
maisons rurales brésiliennes. Ils ont une forme semblable à des noix de coco
mais une fois qu’ils sont murs, ils tombent et le haut du fruit se détache pour
laisser s’échapper les graines. Une fois les graines répandues, il ne reste
plus que ce réceptacle vide et son couvercle. Vraiment ingénieux. Ici la nature
produit de nombreux éléments beaux et originaux comme ce champignon conçu comme
une structure architecturale, cet autre champignon orange, cette ville miniature
de petits champignons rouges, ces graines rouges et noires ressemblant à des
perles ou encore ce fruit en forme de cœur. Les nids de fourmis et de termites sont aussi très impressionnants!







Les différents paysages de jungle
défilent et les track-trap s’enchaînent, révélant leur lot d’empreintes. Sur
les deux derniers track-traps, nous trouvons même les traces de 2 pumas, une
maman et son bébé. Ce qui veut dire que 2 pumas sauvages étaient exactement au
même endroit que nous quelques heures plus tôt. Quand on réalise ça, on se sent
tout petit.
Le retour se passe
tranquillement. C’est vraiment un sentier magnifique ! Nous nous
installons confortablement près du
pick-up, prêts à attendre les autres pendant plusieurs dizaines de minutes. En
fait ils arrivent moins de 5 minutes plus tard. Nous pensons les impressionner
avec notre jararaca mort mais non. Eux aussi ont vu un serpent, potentiellement
un serpent corail, et il était bien vivant ! Ils ont également vu et Aliny
a même attrapé avec un gant un beau serpent bleu inoffensif. Au final c’est
nous qui sommes impressionnés !
Localiny reprend le
volant et on est secoués comme des patates quand on tombe nez à nez avec la
team vélo… mais dont 2 membres sont à pieds car les vélos ne leur allaient pas
du tout et qu’ils n’avaient pas d’outils pour les régler. Nous embarquons donc
cyclistes et vélos et en route pour le camp ! Avec les vélos à l’arrière,
Localiny se calme pour redevenir notre toute sage Aliny et nous ramener en
douceur.
A notre arrivée, nous restons dans le calme et la douceur en
nourrissant une grosse tortue. Encore un animal sauvé par le personnel de la
réserve.
A la réunion du soir,
surprise ! La team Telegrafo est tombée sur une trace de jaguar ! La
première de l’expédition. Et le meilleur c’est que le jaguar est passé par là
entre l’aller et le retour de l’équipe. Le jaguar est là ! Même s’il se
cache bien, il est là !
Après la réunion,
Leonardo propose une balade de nuit sur Sede 2, le mini-chemin derrière la
base. Nous voilà donc partis armés de nos lampes de poches, à éclairer tous les
recoins du sous-bois et des arbres autour du chemin tout en avançant à une
allure de tortue sénile. Au bout de quelques minutes, Leonardo s’arrête pour
éclairer quelque chose au fond des bois. Tout-à-coup, un bruit de pas
impressionnant se fait entendre. Comme un petit éléphant… ou l’idée qu’on se
fait d’un bruit de pas d’éléphant car en fait ils ne font quasiment pas de
bruit. Là c’est un piétinement puis un
petit trot pesant d’animal très lourd qui s’en va tranquillement mais surement.
Impressionnant. S’il était venu vers nous à cette allure, nous n’aurions pas
fait les fiers… même en sachant que c’est un animal totalement inoffensif. En
tout cas, même si on ne l’a pas vu, c’est déjà énorme d’avoir au moins entendu
un tapir.
Un peu plus loin, Leonardo
nous montre un serpent dans un arbre. Il n’est pas photographe animalier pour
rien. Il a l’œil, le savoir-faire et il s’est doté du matériel adéquat, en
l’occurrence d’une lampe torche très puissante dont il a changé les piles juste
avant la balade. La suite est plus calme et on commence même à se dire qu’on ne
verra plus rien quand Leonardo éclaire quelque chose dans les fourrés. Au
départ nous n’apercevons que 2 points rouges, les yeux de l’animal, puis nous
le distinguons enfin ; c’est un paca. Léonardo s’enfonce dans la jungle
pour le rabattre vers le chemin. Il le fait tellement doucement que l’animal
finit par traverser en marchant, en s’arrêtant plusieurs fois. Mais le paca n’est
pas seul. C’est une maman avec un jeune. Leonardo rabat aussi le jeune qui part
au trot rejoindre sa maman. On comprend mieux pourquoi elle trainait autant
devant nous. Elle voulait détourner l’attention de son rejeton. Trop mignon. Et
c’est vraiment agréable de voir enfin l’animal dont on a si souvent trouvé les
traces dans les track-traps.
Mardi 22 :
Aujourd’hui c’est le
grand jour pour moi : enfin le Telegrafo. En une semaine, ce trail est
devenu mythique. Comme nous sommes entrain de l’ouvrir, non seulement il monte
et il descend énormément mais en plus le chemin n’est encore qu’une piste mal
dégagée qu’il faut parcourir aller-retour. Quand le chemin sera fini, il
traversera complètement la réserve et les gens seront certainement déposés à un
bout et récupérés à l’autre.
La piste commence au
bout du chemin de Cupido. On s’enfonce dans les palmiers avant de rejoindre une
jungle plus semblable à un paysage de forêt… à la différence qu’il y a des
lianes partout. Nous descendons ensuite à une première rivière à sec pendant la
saison sèche. Nous comprenons tout de suite que ce chemin sera impraticable en
saison humide.
Et nous entamons la montée. La 1ère d’une longue
série. On arrive en haut très essoufflés mais c’est faisable.
Puis nous
continuons notre périple dans la jungle avec l’impression d’être des
aventuriers. Les musiques d’Indiana Jones et de Pirates des Caraïbes s’enchaînent
dans ma tête. Notre équipe est constituée d’Alini, Carolina, Robert et moi,
ainsi que de nous deux guides, le vieil Elinio et le jeune Alessandro. Nos deux
guides ne parlent pas anglais mais ils font de leur mieux pour communiquer avec
nous. Alessandro essaie de parler foot avec Robert. Enfin un brésilien comme
nous l’imaginions, un vrai fan. Manque de pot il est tombé sur un des quelques
hommes européens à ne pas aimer le foot. Loser. La bonne humeur d’Elinio et
d’Alessandro est communicative. Ils passent leur temps à blaguer, sourire et
discuter. C’est très agréable. Elinio tente de nous gaver de cookies et
Alessandro nous propose des gâteaux traditionnels. Miam !

Nous continuons notre
balade hors du temps, chasseurs de poteaux télégraphiques usés par les âges
perdus dans la jungle. C’est une expérience magique. Les track-traps révèlent
quelques empreintes mais malgré nos recherches, le jaguar reste introuvable.
Alessandro est aux petits soins. Il a à cœur de nous faire découvrir et
apprécier la jungle et ses secrets. Il fait goûter à Robert du cœur de palmier
frais. Il arrache pour cela une feuille de bébé palmier. Il suffit ensuite d’en
croquer le bout. Il semblerait que ce soit amer mais Robert apprécie
l’expérience. Plus loin Alessandro nous coupe un bout de liane.
Au début nous
ne comprenons pas pourquoi mais quand il nous la tend à la verticale, des
gouttes d’eau claire en tombent par dizaines.
Nous testons ce breuvage original
avec envie et curiosité. C’est vraiment de l’eau très claire, avec un
arrière-goût de bois frais. Je n’en boirais pas tous les jours au petit
déjeuner mais c’est désaltérant et l’expérience valait le coup. Nous croisons
aussi une fourmi de près de 2cm communément appelée « twenty four
hours » parce que si elle vous mord c’est « twenty four hours of
pain ». Bon ben on va rester à distance.
Nous finissons le
chemin en 8h. Très belle randonnée intense mais faisable par tous les niveaux
de marche avec un poil de motivation. De retour au camp nous enchaînons avec la
présentation de Pro-Tapir par Andressa, la responsable de ce projet qui nous a
rejoints la veille. C’est un projet à long terme qui mêle études scientifiques,
sensibilisation et propositions de mesures concrètes de protection. C’est
vraiment très intéressant et on sent que l’équipe est passionnée. Tellement
passionnant qu’à la fin de la réunion plusieurs personnes réfléchissent
sérieusement à faire leur stage de fin d’études avec eux.
Mercredi 23 :
Ça sent la fin du
voyage. Il est déjà temps d’aller relever les camera-traps des 3 chemins du
fond de la réserve : Abobora, Quirinao et Tesauro.
Je choisis d’aller à
Tesauro car c’est le plus beau. Nous sommes avec Alini, Morgana, Victor et
Andressa. Le passage du pont est toujours un moment à la fois difficile et
rigolo et nous arrivons au dernier track-trap sans incident notable. Sur le
chemin du retour, nous entendons un claquement sec. Puis un 2ème.
Les 4 brésiliens s’arrêtent d’un coup pour écouter, puis Alini et Andressa
s’avancent dans la jungle pour tenter de le photographier. Victor, Morgana et
moi restons sur le chemin. Alini fait signe que l’animal est à droite, un peu
en arrière de nous, quand tout-à-coup, Victor, Morgana et moi entendons un
autre claquement devant et à gauche. Victor rappelle Andressa et Alini et
commence alors un sérieux conciliabule en brésilien.
Je finis par apprendre que
l’animal en question est un pécari à collier. Seul il est inoffensif mais il a
pour fâcheuse habitude de se déplacer en bandes de 30 à 50. Leur spécialité est
d’encercler leur victime et de l’attaque tous en même temps au signal du mâle
alpha. Une étude sur les pécaris est en cours dans les environs depuis 13-14
ans et sur cette période aucun pécari n’a été observé dans la réserve de ce
côté de l’autoroute. C’était une très bonne nouvelle d’en entendre un et c’est
pour ça que les filles se sont rapprochées. Sauf qu’un de chaque côté ça veut
dire qu’ils sont plusieurs, qu’on ne connait pas leur nombre, qu’ils ont
commencé à nous encercler et qu’ils vont peut-être attaquer. Moins glop.
Pour
information, du fait de son agressivité quand il est en groupe, le pécari est
considéré comme l’animal de plus dangereux de la jungle. Il paraît même que son
claquement de dents peut mettre un jaguar en fuite. Mais pour l’instant nous
hésitons entre attendre tranquillement qu’ils s’en aillent près d’un arbre où
il est facile de grimper ou continuer tranquillement notre chemin pour sortir
du cercle. Après de grands débats entre brésiliens et plusieurs longues minutes
sans aucun claquement, nous décidons de poursuivre notre chemin.
Après une
centaine de mètres, nous savons que nous sommes hors de danger mais pendant les
kilomètres suivants, j’avoue avoir plus d’une fois sursauté en entendant un
craquement de branche… et je peux vous assurer que je n’étais pas la
seule ! Au final, plus de peur que de mal et c’est une découverte très
intéressante. Nous sommes sûrs d’être les stars de la réunion du soir.
De retour au camp,
nous mangeons puis faisons la réunion. Tout le monde est enthousiasmé par notre
découverte, mais bientôt un nouvel arrivant nous vole la vedette. Sheyla nous
amène un opossum apprivoisé que les propriétaires ont abandonné. Comme il
est apprivoisé, il ne peut pas être relâché dans la nature et il devra vivre
dans un sanctuaire jusqu’à la fin de ses jours. En attendant, nous sommes tous
gagas de lui et lui faisons moultes papouilles. Il se laisse caresser et quand
on le prend dans ses bras, il enroule sa queue autour d’un de nos bras pour se
retenir en cas de chute. Sa queue est presque plus musclée que ses pattes.
C’est impressionnant !
Une fois la réunion
terminée, Julie, Olivier, Robert et moi décidons de partir faire un mini-trek
de nuit sur Sede 2. Après avoir prévenu Marcelo R, nous voilà partis. Sitôt
arrivés dans la jungle, de petits bruits de pas à gauche. C’est un tatou. Même
s’il est trop rapide pour que nous ayons le temps de dégainer nos appareils
photos, nous arrivons tous à bien le voir. Enorme ! Encore un mammifère de
plus à ajouter à la longue liste des animaux que nous avons réussi à voir. Nous
poursuivons le chemin. Au loin je finis par apercevoir 2 yeux. Vu l’écartement,
la taille et la hauteur, je suis persuadée que c’est un tapir. Les deux garçons
sont loin devant mais Julie vient me rejoindre. En revanche elle n’arrive pas à
le voir. Quant à moi, même si je suis trop loin pour réussir à éclairer le
corps, plus ça va plus je suis sure de mon identification. L’animal tourne
parfois la tête doucement et je vois 1 œil, 2 yeux, 1 œil, 2 yeux, 1 œil, 2
yeux, 1 œil, puis plus rien. L’animal s’est certainement retourné. Il ne fait
pas le même bruit que celui entendu 2 jours plus tôt mais après plusieurs
minutes à la regarder dans les yeux, je suis formelle. C’est un tapir !
Marcelo R nous avait
promis une surprise pour le soir. En voyant certaines filles se faire toutes
belles en fin d’après-midi, nous avions subodoré une boom. Au final la surprise
est beaucoup plus sympa. Nous partons à 15 dans le pick-up, 6 à l’intérieur
(pour 5 places théoriques) et 9 à l’arrière, pour tenter d’entendre le jaguar
dans la nuit. Nous avançons sur la route de Meio puis sur Quirinao. On avance
de quelques mètres, on s’arrête, on appelle le jaguar avec un appeau assez
particulier, on attend quelques minutes, puis on repart et on répète
l’opération autant de fois que nécessaire. A 9 à l’arrière du pick-up dans les
nids de poules c’est loin d’être confortable mais nous rigolons beaucoup (très
silencieusement). Au bout de quelques heures, nous sommes finalement contraints
d’abandonner et de revenir bredouilles au camp. Le jaguar a décidé de faire son
timide. Il est minuit et demain matin Andressa a proposé à ceux qui le
souhaitaient de se lever tôt pour faire au moins une partie de Cupido dans le
noir et tenter de voir un tapir. Le réveil risque d’être un peu rude !
Jeudi 24 :
Pour les courageux du
Cupido Trail de fin de nuit, Andressa avait proposé un réveil à 5h… mais comme
on voulait avoir plus de chances de voir un tapir, on a opté pour un réveil à
4h (avec un temps de préparation très court pour arriver sur site à 5h au lieu
de 6h30 habituellement). Bizarrement ça pique un peu, mais c’est pour la bonne
cause. Nous voilà donc partis, Julie, Olivier, Victor, Aliny, Andressa et moi.
Quand nous arrivons au début du Cupido Trail il fait encore nuit noire et nous
commençons à avancer à la lumière des lampes de poche. Le relevé des
track-traps et la récupération des camera-traps se feront au retour. C’est
impressionnant de marcher dans la jungle la nuit. Les bruits sont amplifiés et
nous nous arrêtons souvent, aux aguets, pour essayer de repérer des animaux.
Nous entendons beaucoup d’oiseaux, dont certains inconnus même pour les
biologistes brésiliens, mais pas de tapir à l’horizon.
Le ciel commence à
s’éclaircir et nous commençons à désespérer de voir un tapir quand un gros
groupe de capuchin monkey arrive près de nous et se met à sauter d’arbres en
arbres. Ils sont à une hauteur impressionnante et c’est génial de les voir
jouer ainsi. Ce sont des voltigeurs hors pair qui savent exactement quelle fine
branche peut les soutenir et laquelle risque de craquer. C’est vraiment très
sympa à regarder.
Quelques dizaines de minutes plus tard, il faut se rendre à
l’évidence : les deux yeux brillants dans le noir de la veille sont le
plus que j’aurai pu voir d’un tapir. Vers 8h du matin, soit 3h après le début
du Cupido Trail, le pick-up de la réserve transportant l’équipe du Telegrafo
Trail arrive. Je quitte la team Cupido pour les rejoindre. C’est ma journée
warrior ! Seuls Morgana et Alban n’avaient pas fait le Telegrafo et les
autres étaient trop fatigués pour vouloir les accompagner. Ils allaient partir
à deux mais je me suis proposée pour les accompagner. Certes on marche beaucoup
mais le rythme reste très agréable. Nous voici donc partis, accompagnés
d’Alessandro et Charlies, deux jeunes de la réserve.
Nous commençons par
croiser une grosse araignée bien velue (mais tout de même beaucoup moins
impressionnante qu’une tarentule) et Alban qui est fan de ces bestioles est aux
anges. Personnellement, c’est loin d’être mon animal préféré. Nous entamons le
trek d’un bon pas. Il est généralement fait en 8h mais comme le pick-up
transporte des employés de la réserve qui finissent à 15h, il partira dans 7h.
Si nous n’y sommes pas, un autre véhicule viendra nous chercher mais on ne sait
pas quand. Le compte à rebours a commencé.
Charlies est timide
mais il s’arrête quand même de temps en temps pour nous montrer des curiosités
de la jungle. Alessandro est quant à lui un grand bavard. Même s’il ne parle
qu’1 ou 2 mots d’anglais, il essaie de communiquer avec Alban et moi. Il
aimerait bien parler foot mais Alban n’y connait rien et je n’ai pas beaucoup
plus de culture sur le sujet. Dommage. Mais nous débattons sur les traces
trouvées dans les track-traps et il nous parle des différentes plantes.
Il nous
fait goûter du cœur de palmier et nous explique qu’il en existe 2 sortes,
l’amer qu’il nous a fait goûter, et le doux qui est issu de palmiers à épines.
Charlies, que rien n’arrête, enlève méticuleusement les épines d’une autre
pousse à la machette et nous fait goûter le doux. C’est délicieux ! Nous
avons seulement goûté de tous petits bouts issus de petites pousses qui sont
nombreuses ici, mais pour avoir un cœur de palmier comme on met en France dans
nos salades, je me dis que c’est tout un arbre qu’il faut couper. Ça fait
réfléchir ! Déjà que je n’en mangeais pas beaucoup, je vais en manger
encore moins. L’impact écologique est trop important.
Nous finissons par
arriver au dernier track-trap en un temps record et nous commençons à manger au
son de Beat It et de Knocking on Heavens Door. Knocking on Heavens Door alors
qu’on est dans un endroit aussi paradisiaque, c’est bien trouvé. Merci
Alessandro qui a sorti son smartphone pour créer l’ambiance à la fois rock et
détendue du moment.
Nous entamons le
retour à un rythme soutenu, en nous imaginant dans un film de guerre américain
pendant la guerre au Vietnâm : « Allez, viens Bob, on va l’avoir cet
hélicoptère. Et on ne laissera personne derrière ! » En fait il n’y
avait aucune pression mais on s’était donné un challenge et ça donnait un goût
encore plus d’aventure à ce trek déjà bien coloré. Arrivé au lieu de la 2ème
camera-trap qu’il fallait ramener, problème. Malgré un quadrillage complet de
la zone indiquée par ceux qui l’avaient posée et par le GPS, impossible de
trouver l’appareil photo. Au bout d’1/2h, nous finissons par reprendre notre
chemin bredouille.
Pour nous remonter le moral, Charlies nous montre 3 gros
champignons ovales, 2 blancs et 1 marron (beaucoup plus vieux que les 2
autres). Ils sont énormes. Mais ils ne sont pas creux comme les vesses-de-loup
françaises, ils ont plutôt la texture d’une éponge. Bizarre.
Pas loin de
l’arrivée, un tronc barre la route. Plutôt que de passer au-dessus ou de se
plier vers l’avant, Charlies propose de la passer à la cucaracha (en limbo),
c’est-à-dire en avançant tout en se pendant en arrière et en pliant les genoux.
Mes genoux sont trop fragiles pour ça mais les autres tentent le coup. Après
moultes chutes et rigolades, il n’y a que Charlies qui arrive à passer sans
tomber. Franchement bravo.
Au final nous
terminons le trek en 6h30 (dont 1/2h de recherche infructueuse de la
camera-trap) et nous pouvons entamer en chœur un « We are the
champions » de victoire. Cette fois-ci, c’est Morgana qui fait juke-box
et, ayant complètement abandonné l’idée de voir un animal aujourd’hui, nous
chantons du U2 (« with or without you ») à tue-tête en attendant le
pick-up. Sur le retour au camp, on fait quelques photos souvenir dont certaines
géniales de l’équipe de la réserve. Ils ont toujours le sourire. On les adore.
Ce sont vraiment les meilleurs !

Nous arrivons au camp les derniers et le
temps de manger, Aliny récupère nous informations et les compile avec les
autres car dès qu’on est prêts, on enchaîne avec la dernière réunion du séjour.
Marcel, le directeur de la réserve, se joint à nous pour l’occasion. Marcelo R
réexplique le contexte général de la mission puis Aliny en présente les
premiers chiffres. C’est vraiment intéressant de pouvoir voir tout de suite un
premier résultat de nos efforts. On savait déjà, biensûr, qu’on ne faisait pas
ça pour rien mais c’est agréable de voir ce qui ressort de notre étude.
Beaucoup de travail, beaucoup de lieux étudiés et beaucoup d’espèces recensées
avec une liste des espèces les plus recensées différente d’il y a 2 ans. Il
reste encore beaucoup de travail pour faire parler les chiffres mais c’est déjà
beaucoup d’en avoir un premier aperçu. Nous visionnons également nos photos
mais aussi les photos des 2 appareils numériques des camera-traps. Les autres
sont des appareils à l’ancienne avec films, on n’aura donc les résultats que
plus tard. Ces appareils ont bien fonctionné et on voit plusieurs espèces dont
un paca, des agoutis, des coatis, des écureuils et même… un tapir ! Et ce
sont bien exactement les mêmes yeux caractéristiques que ceux que j’avais vus
dans le noir ! Le plus ironique ? Les photos ont été prises sur le
Cupido Trail le matin même vers 6h30, c’est-à-dire pendant qu’on était sur ce
même chemin. Les tapirs jouent vraiment à cache-cache avec nous !
Maintenant que nous
sommes rentrés et que les films ont été développés, je peux vous préciser que la plupart des appareils à pellicule n’ont rien donné. Sauf un de Tesauro qui a
bien rattrapé les choses. Il a enregistré un paca, un tatou et même un ocelot !







Marcelo R offre à
Marcel une partie en céramique d’un poteau télégraphique (là où passait le fil)
signé par tous les participants au projet en souvenir de ce moment et de
l’ouverture du Telegrafo Trail. C’est le moment des discours et comme toujours,
tout le monde pleure. La seule chose qui remonte le moral de toute l’équipe
c’est Jujuba, une petite chatounette abandonnée de moins de 3 mois qu’on a
sauvée d’une mort certaine. Elle est trop mignonne. Elle est affamée, elle a
froid et elle fait craquer tout le monde. La team-Telegrafo s’octroie une
petite sieste puis c’est parti pour la dernière soirée. Leia, la cuisinière, a
mis les petits plats dans les grands et les brésiliennes nous ont préparé leur
spécialité : le brigadeiro. C’est bon, coloré, simple, efficace et
original. On mélange lait concentré, sucre, chocolat et on fait caraméliser
jusqu’à obtenir une sorte de confiture de lait. Miam. Et à boire ? De la
caïpirinhia biensûr ! La soirée se poursuit tard dans la nuit mais nous
sommes quelques-uns à rendre les armes avant la fin. Après une journée de plus
de 20h dont 9h de marche, bizarrement j’étais un peu KO.
Vendredi 25 :
Grasse mat jusqu’à
7h. Youhou ! Sauf pour Victor, Aliny et Andressa qui sont partis sur le
Telegrafo tenter de retrouver la camera-trap manquante. En vain. Elle a
certainement été volée soit par un braconnier qui s’est fait photographier,
soit par quelqu’un qui voulait juste la revendre. Il faut dire que chaque
camera-trap coûte plusieurs centaines d’euros, la plupart entre 600€ et 900€. Pour
le reste de l’équipe c’est rangement. Une fois terminé, Morgana, Alban et moi
parcourons une dernière fois Sede 2. Cette fois-ci pas de mammifère mais une
grande sauterelle de plus de 10 cm ! Puis vient l’heure du départ.
Carolina et Cris partent le matin. La plupart des autres brésiliens sont amenés
au car pour 14h et les derniers à partir, cette fois en voiture, sont les
européens, Marcelo R, Aliny, Leia, Victor et un autre membre de l’équipe à
l’année qui nous a rejoints pour le trajet… Jujuba est également avec nous,
emmitoufflée dans une polaire de Julie, bien calée dans ses bras. C’est
finalement Marcelo R qui va l’adopter. Il ne lui reste plus qu’à la présenter à
sa femme et à Ravioli, son chat qui se prend pour un puma.

A Vitoria, Robert,
Julie et Olivier sont dans des hôtels classiques mais Daniela, Alban et moi
avons préféré choisir une auberge de jeunesse. Après avoir tourné un moment,
nous finissons par la trouver dans une rue où les numéros ont été attribués
semble-t-il au hasard. Ca, ajouté aux fresques sur les murs, on se croirait
dans le monde merveilleux et loufoque d’Alice au Pays de Merveilles. Les
chambres sont minuscules mais propres et nous nous délectons d’une bonne douche
dans une salle de bain étonnamment belle, spacieuse et pratique.
Mais nous quittons
bientôt cet endroit accueillant et coloré pour rejoindre les autres européens,
Morgana, Marcelo R, sa femme, Leonardo et Ilka au restaurant. Rendez-vous au
Partido Alto pour un mucaca de badeijo avec cameron. Je ne sais pas exactement
ce que c’est mais c’est cuit dans un claypot et c’est une spécialité de
Vitoria. Au final, c’est délicieux. Ça vaut vraiment le coup. Les prix peuvent
paraître chers mais en fait la plupart des plats sont à partager donc c’est
très raisonnable. En revanche heureusement qu’on avait les brésiliens pour
commander pour nous. On n’aurait pas réussi à avoir aussi bon et en quantité
aussi adaptée. Et le crabe en entrée, c’était excellent aussi. Beaucoup plus
goûtu que ceux qu’on trouve en France. Au passage, Leonardo nous a offert à
tous un livre de photos sur les animaux d’Espirito Santo. C’était vraiment
sympa. Bref, une super soirée de laquelle on est repartis repus à 1h du mat… et
un poil crevés aussi il faut avouer.
Samedi 26 :
Ça y est, le projet
est fini. Du coup on pourrait dormir mais non merci pas pour moi. On dormira en
France. Donc réveil à 7h. Je prends mon p’tit dej à l’auberge de jeunesse et me
rends compte que le gars du staff qui s’occupe du p’tit dej aujourd’hui… est
français. Enorme ! Et bavard et très intéressant. Super ! Bref c’est
pas comme ça que je serai à l’heure. Je finis donc de me préparer en courant.
Marcelo R vient nous chercher, Julie, Olivier et moi, pour aller visiter un
couvent et voir la vue magnifique à Via Velhe (cité dortoir en face de
Vitoria). C’est vraiment très gentil de sa part car pour lui comme pour nous le
projet est terminé et il a une femme à retrouver et du sommeil à rattraper… et
un bébé chat à faire accepter à son puma. Nous voilà donc partis à travers les
rues de Vitoria le long d’un canal puis, près de la mer, sur un grand pont qui
relie l’île sur laquelle est située Vitoria à Vila Velhe et au continent. C’est
vraiment magnifique. Derrière les buildings, on devine les restes de forêt. On
voit aussi des îles se découper sur la mer. Comme cet endroit devait être
paradisiaque avant d’être complètement colonisé par l’Homme !
Le couvent est situé
sur une hauteur, avec une vue imprenable sur Vitoria et Vila Velhe. D’ici on
peut apercevoir les quartiers pauvres de Vitoria. Dans le cadre d’un programme
social, la municipalité a offert de la peinture à tous les habitants afin
qu’ils puissent peindre leur maison. Chacun a une couleur différente. C’est
simple et coloré. Le rendu est vraiment très agréable. Le couvent en lui-même
est petit mais joli. En revanche il est bien rempli de visiteurs qui viennent
assister à la messe. Sur le chemin qui repart du couvent, nous croisons une
fidèle qui y monte à genoux.
J’en avais entendu parler mais je ne l’avais
jamais vu. C’est presque incroyable et assez dérangeant de voir à quel point on
peut se faire souffrir volontairement pour sa foi. Elle était en larmes et une
souffrance inhumaine se lisait sur son visage et pourtant elle continuait.
C’était vraiment particulier. Ça m’a vraiment touchée et j’ai mis plusieurs
heures à m’en remettre.
Sur le chemin du
retour, Marcelo R nous a emmené faire du shopping un peu particulier : des
bottes de marche anti-serpents, imperméables et confortables. Quelque chose que
nous n’avions jamais vu en France. Julie qui part souvent en expédition trouve
son bonheur mais Olivier et moi revenons bredouilles. Tant pis.
Marcelo R
conduit ensuite Julie et Olivier à l’aéroport. Encore un au revoir. Nous
partons ensuite chercher une malle du projet que Daniela emmènera dans le Sud
du Brésil avec elle pour la remettre à Marcelo M, puis nous retournons chercher
Daniela, Alban et Robert pour un dernier repas sur la plage. Au menu :
fish and chips. Ce n’est pas une tradition locale mais du poisson frais ça fait
toujours plaisir… surtout en bord de mer. A la fin du repas, ce sont Marcelo R
et Daniela qui partent pour de bon.
Vu la distance, les horaires et le fait que
nous prenons le même vol, Robert, Alban et moi avons convenu d’aller à
l’aéroport plus tard ensemble. Robert rentre à son hôtel tandis qu’Alban et moi
faisons une balade sur la plage. Nous longeons la mer jusqu’à une jetée d’où on
peut paraît-il parfois observer des tortues marines.
Au début nous pensons
faire choux blanc quand tout-à-coup, une tête crève furtivement la surface
avant de replonger quelques secondes plus tard. Génial ! Après être allés
au bout de la jetée, nous revenons un peu sur nos pas et nous installons pour
observer. Toutes les 30 secondes environ, une tortue vient respirer quelque
part dans notre champ de vision. Vu la vitesse à laquelle elles replongent
c’est difficile de les voir si on ne regarde pas bien et c’est encore plus
difficile de les prendre en photo mais nous avons de nombreuses occasions de
les observer et nous sommes ravis d’avoir fait le déplacement. Si on tourne le
dos aux immeubles, le paysage avec la mer, la jetée, les îles, les vieux
bateaux en bois, les pêcheurs et les tortues est féérique.
Nous finissons par
nous arracher à notre contemplation pour revenir chercher nos bagages à
l’auberge de jeunesse et en profiter pour immortaliser quelques graffitis.
De
véritables fresques murales originales et colorées qui nous ont conquis dès
notre arrivée. Nous filons enfin vers l’aéroport où Morgana nous rejoint. C’est
vraiment sympa de sa part. Toujours des au revoir, ça sent la fin. A Sao Paulo,
Alban et moi nous séparons de Robert qui part à Frankfort et nous prenons
l’avion pour Paris. Là, c’est vraiment la fin.
FIN